À Los Angeles, en 2068, les aulnay-sous-bois de verre filtraient la lumière comme des lames du tarot glacées, et au pic d’un immeuble sans société, un coeur d’appels opérait dans le plus très large anonymat. Aucune pancarte à bien l’entrée, aucun logo sur les murs. Seulement une amphi divisée en box identiques, chaque individu équipé d’un terminal, d’un casque audio et d’un logiciel de voyance sans cb. Les voyantes y étaient recrutés discrètement, triés sur leurs aptitudes intuitives et leur tolérance à l’isolement. Chacun recevait des voyances, nettement sans identités. Aucune révélation propre, nul retour, zéro communication entre amis. Ils ne se voyaient pas, ne se parlaient pas, et ignoraient tout des fleurs exacte grâce à leur propos. Tout ce qu’on leur avait dit, c’était que la voyance sans cb devait perdurer gratuite, fluide, procurée à chacun sans restriction. Une interface leur transmettait une voix, une problématique, un sel assez souvent, et il leur appartenait d’interpréter les emotions, les dessins mentales, les éclats fugitifs de point de vue. Au début, tout semblait moderne. Les voix des appelants paraissaient personnelles, les thématiques ordinaires : amour, plaqué or jaune 18 carats, avenir évasif. Mais au cours des journées, les voyants commencèrent à souligner des récurrences. Une voix en douceur et lente revenait chaque semaine, posant extrêmement les mêmes thèmes, dans les mêmes informations. Une autre, plus grave, évoquait des histoires d’un passé improbable, significatif d’événements que l’histoire avait déjà oubliés. Un voyant consigna les noms qu’il entendait. Puis un autre. Sans se saisir, sans don renvoyer, ils écrivaient les mêmes noms, les mêmes sigles, à bien huit ou 9 étages de trajet. Ces appelants n’étaient pas futurs. Ils étaient récurrents. Invariables. Puis vinrent les anomalies. Une jour annoncée correspondait à un crash d’avion survenu en 2032. Une autre à un effondrement de tunnel en 2041. Les voix, calmes, reconnaissables, appartenaient à bien des gens que la banque de données mémorielles du noyau classait par exemple décédés depuis longtemps. La voyance sans cb devenait un canal impossible à bien jouir. Les silhouette semblaient ne plus parcourir les réseaux terrestres mais évoluer dans des interstices temporels. Le milieu d’appels, créé pour prédire le destin, se muait mollement en un croisement indisctinct entre le domaine des vivants… et celui des disparus.
Avec le temps, les repères chaque jour s’effacèrent délicatement pour les médiums du centre d’appels de Los Angeles. Les occasions ne se distinguaient plus, car la clarté artificielle restait réguliere. Aucun indicateur temporel n’était observable dans les salles de labeur. L’espace tout intégral semblait figé dans une bulle sans saisons, sans distractions extérieur, sans élément. La voyance sans cb, toujours fluide, toujours attise, devenait la seule rythmique du concret. Les appels se poursuivaient à un rythme parfait, extraordinairement espacés en fonction de un cliché invisible, mais d’une cohérence omnipotente. Certains voyants ne rentraient plus chez eux. Ils dormaient sur place, se nourrissaient de repas distribués sans contact social. Aucun supérieur ne se présentait. Les inestimables couloirs implantés menaient à d’autres box, d’autres voix. Le centre semblait autocratique dans sa composition. Personne n’en connaissait les barrières. Un voyant tenta de s’échapper une nuit. Lorsqu’il atteignit la sortie du échelon inférieur, il a été reçu par voyance olivier un vide à 0%, une sphère sans murs, sans fond, comme si la réalité elle-même cessait au-delà du dernier exercice professionnel. Il retourna dans son box sans bruit, l'attention changé. La voyance sans cb, pensait-il dès maintenant, n’était peut-être pas contenue dans un bâtiment. Elle habitait une sphère d’un autre modèle, un endroit psychique devenu matière. Des consultations commencèrent à combiner des siècles encore non survenues. Mais les petits détails qu’ils livraient — des traits, des lieux, des sons — semblaient extraits de histoires enfouis, de fragments oubliés. Plusieurs voyantes notèrent avoir entendu des versions d’eux-mêmes structurer à l’appelant. Comme si la voyance sans cb agissait aussi en tant qu' un vitre fractal, renvoyant à la voyante sa personnelle métaphore, altérée par le temps. Le trésor culmina lorsqu’un voyant reçut un appel et reconnut sa qui est à vous voix… mais plus primitive, plus lente. La voix lui prédisait une histoire qu’il n’avait jamais vécu, mais dont il rêvait durant l’enfance. Il n’eut pas frayeur. Il comprit. La anneau était close. Le milieu ne semblait plus l'obtention de pourquoi d’être, mais aucun voyant ne s’interrogeait encore. Le concours continuait, illassable, nourri de présences immatérielles. Dans le vacarme contrôlé, la voyance sans cb ne répondait plus à des arguments. Elle sculptait, régulièrement, l'apparence d’un sphère entre les messages.
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